Attention au faux commissaire de police qui escroque les seniors avec des recharges PCS
Une nouvelle arnaque au scénario redoutable sévit actuellement dans les Hautes-Pyrénées. Un prétendu commissaire de police contacte les personnes âgées par téléphone, et les manipule jusqu’à ce qu’elles achètent des coupons de carte de paiement prépayée et rechargeable PCS chez les buralistes. Un retraité tarbais victime témoigne.
Charles* ne s’en remet pas. En début de semaine, ce retraité tarbais des finances publiques a été victime d’une redoutable escroquerie qui l’a délesté de 1 700 euros, et dont il ressort avec un grand traumatisme. « Avec le recul, ce n’est pas le fait d’avoir perdu cet argent qui me touche le plus. C’est que cette personne a cambriolé mon âme. »
Habité d’un terrible sentiment de culpabilité, il a néanmoins décidé de raconter ce qui lui est arrivé pour éviter à d’autres de se faire avoir. « Lundi matin, j’ai reçu un appel sur ma ligne fixe. Au bout du fil, un homme avec un accent du sud se présente comme le commissaire de police Ferrer et me prévient que ma femme et moi-même sommes victimes d’une escroquerie à la carte bleue. »
Le faux commissaire explique à Charles qu’il travaille depuis plusieurs semaines sur ce réseau de trafiquants que ses services sont en passe de stopper, et dans lequel son buraliste est impliqué. « Je suis tombé des nues quand il m’a mis en garde contre mon buraliste que je connais depuis des années. Mais il était tellement persuasif que j’ai fini par le croire. » Et de lui rappeler sans cesse qu’il faut agir vite avant que son argent ne disparaisse à jamais.
« Il m’a dit qu’il envoyait immédiatement une patrouille de policiers à la maison, que ma femme devait rester chez nous pour les accueillir afin qu’ils enregistrent notre plainte. Puis il m’a demandé de lui communiquer mon numéro de téléphone portable pour qu’il puisse me rappeler et me guider au téléphone. »
Charles, happé dans un tourbillon d’urgence et persuadé d’avoir affaire à un véritable professionnel, monte dans sa voiture, direction le bureau de tabac.
Ne pas éveiller les soupçons
« J’étais tellement stressé que j’ai démarré sans mettre ma ceinture. La voiture a bipé, et il m’a réprimandé au téléphone pour que je la mette. Je lui ai alors dit » et le téléphone au volant ? « ce à quoi il m’a répondu que si j’étais contrôlé, il fallait que je lui passe l’agent pour qui lui explique l’urgence de la situation. » Charles est conditionné, et prié de rester en ligne en entrant dans le bureau de tabac.
« À partir de maintenant, vous allez me tutoyer et me parler comme si j’étais votre fille pour ne pas éveiller les soupçons du buraliste » lance le faux commissaire. Charles se dirige en caisse pour demander des coupons de recharge pour carte bleue prépayée. « Je ne savais même pas ce que c’était, alors il me dictait quoi dire. » Tout en faisant semblant de réprimander sa fille au téléphone parce qu’elle lui demandait de l’argent en urgence, le retraité demande quatre coupons de 250 euros.
« Une fois que j’ai payé les coupons avec ma carte bleue, le commissaire m’a demandé de faire pareil avec celle de ma femme. » Les tickets de paiement avec les numéros de recharge sont alors édités, et le faux policer s’empresse les demander à Charles. Sans le savoir, le retraité vient de renflouer la carte prépayée de l’escroc, pour un montant de plus de 1 700 euros.
« Il voulait me faire aller dans un autre tabac pour refaire la même manipulation. Mais j’ai voulu m’arrêter au distributeur pour voir l’état de mon compte bancaire. Là, il a commencé à être agressif pour m’en dissuader, et pendant ce temps, la machine a avalé ma carte. » La discussion tourne subitement court, et le commissaire raccroche. Arrivé chez lui, Charles constate qu’aucune patrouille n’est venue. « C’est là que j’ai compris que je me suis fait avoir. » Depuis, le retraité victime n’a de cesse de se culpabiliser et ressent un fort sentiment de honte. « Je pense à mon père qui m’a appris le respect des forces de l’ordre » dit-il les larmes aux yeux. « Je ne comprends pas comment ces escrocs peuvent se lever le matin pour faire tout ce mal. »
* Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat de la victime
« Buralistes de plus en plus vigilants »
Au bureau de tabac de l’avenue Alsace Lorraine à Tarbes Patrigeon et Cie, où Charles a payé les coupons de recharge, on tire la sonnette d’alarme. « Nous constatons régulièrement des arnaques aux coupons PCS. Nous sommes de plus en plus vigilants, notamment avec les personnes âgées. Mais on ne peut pas rentrer dans la vie des gens et leur demander à quoi va servir cet argent. » Et ça, les escrocs l’ont bien compris ! Si le scénario du faux commissaire de police est inédit dans son établissement, la gérante du tabac a constaté à plusieurs reprises celui de la sourde et muette. « Une personne vend un objet sur le bon coin ou autre à un prix alléchant.
Elle n’échange que par message avec l’acquéreur en lui disant qu’elle est sourde et muette et demande à être payée avec les coupons PCS. » Évidemment, l’objet n’arrive jamais, et l’argent est perdu. « Il y a quelques jours, nous avons dissuadé un jeune qui voulait acheter sa première voiture comme ça. Le prix du véhicule était évidemment très bas. Nous avons compris et lui avons expliqué l’arnaque. » Autre exemple récent, celui d’une fidèle cliente qui a perdu plus de 3 000 euros dans une escroquerie à l’amour. « L’homme avec qui elle échangeait en ligne, et qu’elle n’a jamais vu, lui demandait de l’argent qu’elle transférait avec ces coupons de recharge. »
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