On sait maintenant combien il y avait d’ours dans les Pyrénées en 2021 et ils sont plus nombreux
Comme d’autres candidats à l’élection présidentielle, le communiste Fabien Roussel passait un « grand oral » devant le principal syndicat agricole français, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) mardi 29 mars 2021. Il y a beaucoup été question de viande, de la manière de la manger, de la produire. Mais là où le candidat PCF a tranché avec ses rivaux, c’est sur la question de l’ours.
« La vie, c’est beaucoup plus complexe que de dire blanc, noir, oui, non, vert, rouge. Il faut trouver des solutions. Je suis pour la réintégration de l’ours, du loup – qui a sa place chez nous, régulée. Je suis pour en discuter », a dit Fabien Roussel.
Les associations ne veulent pas de régulation générale
Une déclaration qui a un peu fait réagir. Même si on se doute de ce qu’en pensent les opposants au plantigrade.
Du côté des défenseurs de l’animal, les réactions sont bien sûr plutôt positives. Mais restent nuancées. « Nous ne pouvons bien sûr qu’être d’accord avec M. Roussel sur la question de la réintégration de l’ours », se réjouit ainsi le Pays de l’ours Adet pour Actu Occitanie.
« Mais nous sommes opposés à toute régulation en dehors du cas particulier d’ours « à problème » pour lesquels il existe un protocole d’intervention », poursuit l’association, qui souligne que « la population d’ours n’est en effet pas encore viable, il ne serait ni cohérent ni légal de la réguler ».
Combien d’ours en 2021 ?
La population est donc jugée fragile. Mais quand est il statistiquement dans les Pyrénées ? Ça tombe bien, le rapport annuel du Réseau Ours brun actualisant le nombre d’ours vient d’être publié.
On y apprend que le massif (côté espagnol comme français) comptait « au moins » 70 plantigrades en 2021. Soit une augmentation puisque 64 avaient été recensés l’année précédente.
Huit portées
Huit portées comprenant 15 oursons ont été repérées. « Le mâle Goiat s’est enfin reproduit, apportant un rare et nouveau patrimoine génétique bienvenu. Hormis un épisode de prédation très médiatisé au printemps 2021, sa discrétion le reste de l’année rend d’autant plus inadéquat l’acharnement dont fait preuve l’État pour le capturer », souligne l’association Ferus en commentaire à ce rapport.
« L’ourson Douillous, découvert esseulé en 2019, soigné puis relâché dans les Pyrénées en octobre de la même année, est en fait une ourse, subadulte maintenant ! Sa présence en Aragon, dans une zone dépourvue de femelles, est un espoir pour la restauration de la population du plantigrade », estime aussi Ferus.
Du nouveau à l’ouest
Enfin, les trois oursons de Sorita, seule reproduction dans les Pyrénées occidentales en 17 ans, étaient toujours bien portants en fin d’année.
Des ours morts non remplacés
« La baisse sensible des prédations reflète la progression de la mise en place des moyens de protection des troupeaux », juge aussi l’association. Qui ne voit pas que des bonnes nouvelles cependant. « On relève quatre ours morts de causes humaines en 2020 et 2021, et non remplacés malgré les engagements du Plan Ours ».
Réintroduction source de combats juridiques entre opposants et défenseurs de l’animal.
Ferus pointe aussi d’autres mauvaises nouvelles sur le front de l’ours. « Les coupables de la mort par balles de l’ours Gribouille n’ont toujours pas été démasqués après près de deux ans : les moyens dévolus aux enquêtes semblent notoirement insuffisants ».
Pas assez de femelles
Il y a aussi « le déséquilibre mâles-femelles en Pyrénées occidentales », qui « faute d’un nombre suffisant de femelles lâchées en 2018, et potentiellement générateur d’infanticides, va s’accentuer, puisque les trois oursons de Sorita sont tous des mâles. De plus, seuls les mâles, très mobiles, peuvent migrer le long des 100 km séparant les deux noyaux reproducteurs ».
« Malgré les reproductions des deux mâles Néré et Goiat, la disparition du fait de l’homme de deux individus génétiquement intéressants en 2020 font que la consanguinité du noyau reproducteur des Pyrénées centrales reste préoccupante. Elle ne pourra que s’aggraver, en l’absence de politique de lâchers de nouveaux individus », note également Ferus.
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